Comme je l’écrivais dans mon précédent article, cela fait pas mal de temps (un peu trop à mon goût) que je suis sur des portraits et imprimés électoraux.

J’ai photographié plusieurs dizaines de candidats (seuls ou en groupe). Dès le départ, je me suis fixé de refuser (ou tenter de refuser) la photo classique sur fond blanc, rouge, bleu, vert, orange etc…

Pour deux simples raisons :

1. Je déteste photographier sur fond blanc.
2. Sachant que j’allais croiser et apercevoir mes clichés en rues et campagnes, je voulais qu’ils sortent de l’ordinaire électoral.

Bien heureusement, les listes qui m’ont contacté (presque toutes tendances confondues) ont accepté mes conditions.

Et nous voici rentrés dans la période du collage, sur-collage et gaspillage de papier. Bonjour l’empreinte écologique!!
On va penser que je me tire plus qu’une balle dans le pied car en tant que photographes cela nous apporte du boulot. Pourtant, les clichés réalisés peuvent servir aux publications  sur le net (réseaux sociaux, sites, presse..). Bref, on pourrait imaginer se passer de tout ce papier.

Mais ma réflexion porte sur tout autre chose.

Est-ce que photographier c’est tromper? Petite référence à la phrase connue de Thierry Ardisson que je ne retranscrirai pas ici 🙂

Les portraits électoraux apparaissent peu à peu. Et ce que je craignais est bel et bien réalité.

98% des portraits sont horribles et bâclés (composition, balance des blancs, couleur de peau, teinte, cadrage, fond à la jaunisse…). Une réelle expo de tout ce qu’il ne faut pas faire en photo.
Soit en période de vacances, il n’y a aucun photographe dans le pays, soit les partis politiques se contentent d’amis Facebook pour réaliser leurs images.

Bien sûr, on va difficilement réinventer l’affiche électorale mais tout de même. Quand vous croiserez vos futurs élus, pensez à moi. Je ne porte aucun jugement idéologique ou de promesses et programmes non respectés.

Alors soyons clairs. Je n’ai pas la prétention d’avoir réalisé des portraits Fine Art à tomber de sa chaise. La créativité dans ce monde-là est de 0,0001%. Assez mince.
Autant tomber en panne sur le bord d’une grand route déserte, boire un soda zéro et voir débarquer trois superbes créatures pour vous dépanner 🙂

Mais par contre, je peux garantir mon souci de mettre en valeur les personnes photographiées.
J’ai aussi pensé à nous tous qui devront « supporter » le spectacle.

Oui, mes portraits sont développés (pas retouchés) pour qu’on ait envie de les regarder et non les voir…
Oui, je suis soucieux de fournir, malgré le contexte étroit, de belles images…

L’électeur est-il trompé comme par les superbes créatures des magazines féminins?
Etonnement, les 3/4 des candidats m’ont demandé des « améliorations ». A l’heure où chacun aime dénoncer la manipulation du monde de la photo et de l’édition, cela m’a surpris.

Si je m’étais laissé aller, j’aurais même fourni mes portraits comme les deux exemples ci-après. Ce sont des vrais candidats.

Peut-être pour les prochaines échéances électorales? On peut rêver…