Jamais dans ce blog depuis 2006, je n’ai publié autre chose que mes pérégrinations photographiques. Jamais je n’ai donné mon avis sur du matériel, une marque, un photographe. Je ne me suis jamais senti autorisé à le faire. D’autres, pour ne pas dire pléthore d’autres, le font mieux que moi.
Jamais je n’ai émis mes pensées philosophiques, religieuses ni même politiques. Alors je ferai une exception et j’espère de tout coeur que cela restera cette exception.
Vous pourrez découvrir en fin d’article les quelques clichés que j’ai pris à la marche organisée à Bruxelles ce 11/01/2015 suite aux tragiques évènements ayant secoué la liberté d’expression en ce début 2015.
Je ne pense même pas devoir expliquer pourquoi j’y étais ni encore moins me justifier (certains, sur les réseaux dits « sociaux », osent donner des leçons à ceux qui pour, à ceux qui contre…).
Je dirais tout simplement qu’à la racine, je suis abonné à Charlie Hebdo depuis que… j’ai un compte bancaire. En fait, je ne sais plus. J’ai lu, relu, revu « L’Echo des Savanes ». A vrai dire ces papiers étaient mes premiers émois érotiques. Mes parents se disaient que je lisais « Tintin » j’imagine 🙂
Ma première réaction instinctive et égoïste a été de me dire : « Putain, ils ont flingués Cabu, Wolinski… ». Et je n’ai pas été le seul.
Mais bien vite j’ai dépassé le stricte stade du lecteur/consommateur pour comprendre que « Je suis Charlie ».
Je suis Charlie est une simple réponse à : On a tué Charlie.
On a tenté de faire taire et bien non. La liberté de s’exprimer n’est pas morte. Point barre !
J’ai vu, lu, aperçu tant de polémiques sur le fait que certains se disaient Charlie sans avoir jamais lu ou même d’avoir été contre les dessins de Charlie Hebdo avant les faits tragiques.
Personnellement, je m’en fous de savoir si tel ou tel lisait Charlie Hebdo. Je me fous de savoir s’ils appréciaient leurs dessins. Le principal c’est une certaine prise de conscience.
Pour autant que cette conscience ne s’évapore dans le temps. Le lendemain des faits, je postais ma petite image sur Facebook. Car la question est désormais celle-ci.
Je n’avais jamais manifesté ni marché dans la rue de toute ma vie. A la veille de mes 46 ans, ce ne sont pas les occasions qui ont manqué. Et pourtant, mon coeur est à gauche.
Heureux et apaisé de l’avoir fait pour cette bonne raison : liberté d’expression.
Et puis, j’étais accompagné de ma fille qui a fait le choix après mûre réflexion de marcher à mes côtés. Bien plus précoce que moi puisqu’elle n’a attendu que 17 ans.
Et ça, c’est, à mes yeux, inestimable.
J’ai la « chance » d’avoir un père qui ne partageait pas ou peu son avis. Il était flic. Vous savez, un de ces mecs qui nous font chier par leurs contrôles, qui était à cheval contre les manifestants en mai 68, qui pense qu’avant c’était mieux et que pourtant, aujourd’hui, tout le monde trouve merveilleux. J’ai peine à imaginer qu’il m’ait accompagné à ce type de marche quand j’avais moi-même 17 ans.
Et pourtant, il m’a tant et tant appris. Je suis d’autant plus à l’aise que je suis loin d’être convaincu qu’il me lise, de lui dire : Merci papa.
Quand vous serez, à l’avenir, contrôlé par un policier ou gendarme, pensez à nouveau : Je suis Charlie, Je suis Flic, Je suis Juif.
J’avais mon petit boîtier en poche et finalement je l’ai peu sorti de celle-ci. Je n’ai pas cherché à faire LA photo, à épater la galerie, à démontrer que tel ou tel boîtier faisait un superbe boulot. J’ai tout bêtement vu ceci, entre autres…
Et pour finir, voici pourquoi je vénère ces gens. Quand on est ado et qu’on regarde ça, on n’est pas indifférent. Voyez le plateau de types extraordinaires que Polac était capable de réunir en une fois.